Communiqué

Testachats dénonce la banalisation des compléments alimentaires à base de plantes

13 mars 2024

Les compléments alimentaires à base de plantes ont le vent en poupe ces dernières années. Perçus comme inoffensifs car ‘naturels’, ils peuvent cependant avoir des effets secondaires et interférer avec l'action de certains médicaments. Par ailleurs, ni leur efficacité ni leur sécurité ne doivent avoir été démontrés avant qu’ils ne soient commercialisés. Le mystery shopping réalisé par l’organisation de consommateurs sur un complément alimentaire à base de millepertuis montre de nombreux problèmes aussi bien en termes d’étiquetage que de composition.  Testachats demande un meilleur encadrement des compléments alimentaires, et des contrôles plus nombreux et rigoureux. Par ailleurs, l’organisation conseille de ne consommer des compléments que sur avis de son médecin.

Pas de preuve d’efficacité, ni de sécurité

En théorie, les compléments alimentaires ont pour objectif de compléter l’alimentation quotidienne en maintenant un apport suffisant de certains nutriments ou encore en corrigeant d’éventuelles carences nutritionnelles. Parmi les compléments alimentaires, on retrouve notamment ceux à base de plantes. Contrairement aux médicaments classiques à base de plantes, les compléments alimentaires peuvent être commercialisés sans avoir démontré aucune preuve de leur efficacité. Par définition, ces compléments contiennent une dose de principe actif insuffisante pour traiter une maladie ou des troubles. C’est la raison pour laquelle ils ne peuvent pas mettre en avant d’allégation thérapeutique sur leur emballage.  La qualité et la sécurité sont également beaucoup moins contrôlées que pour les médicaments. Par exemple, le SPF Santé Publique vérifie qu’il n’y a pas de doses excessives sur la liste des ingrédients pour chaque plante séparément, mais pas en combinaison les unes avec les autres.

 

Pas inoffensifs

Comme les compléments alimentaires à base de plantes contiennent des produits naturels, de nombreux consommateurs pensent qu'ils sont inoffensifs par nature. Mais ce n'est pas le cas : ils peuvent aussi avoir des effets secondaires. En outre, comme certains aliments, ils peuvent influencer l'effet des médicaments. Ils peuvent en augmenter ou en diminuer l’effet, ou entrainer des effets secondaires. En théorie, les consommateurs devraient être avertis des risques sur l’emballage, au moment de l’achat ou par une mention sur le site web en cas de vente en ligne.

 

Mystery shopping

À l'automne 2023, Testachats a envoyé des enquêtrices dans 19 pharmacies et 20 magasins de produits diététiques, herboristeries et drogueries. Elles avaient pour mission d’acheter un complément alimentaire, le millepertuis, et d’indiquer spontanément qu'elles prenaient également une pilule contraceptive. La prise de millepertuis en combinaison avec la pilule contraceptive peut en effet entraîner des hémorragies intermittentes et une grossesse non désirée. Résultat ? Dans 16 pharmacies sur 19, le pharmacien a indiqué que le millepertuis pouvait réduire l'effet de la pilule. Ce n’était le cas que dans 7 magasins de produits naturels, herboristeries et drogueries sur 20. 

L’organisation a également analysé les mentions présentes sur 30 sites de vente en ligne. Pour seulement 16% des préparations en vente libre contenant du millepertuis et à usage oral, il était explicitement mentionné l’interaction entre le millepertuis et la pilule contraceptive.  En outre, Testachats a trouvé 3 compléments dont l’emballage ne mentionnait pas l’indication – pourtant obligatoire – “en cas de prise simultanée de médicaments, informez votre médecin ou votre pharmacien”. Testachats a enfin analysé la composition de 8 produits populaires contenant du millepertuis. La moitié de ces compléments dépassaient largement le seuil fixé par l’Agence européenne des médicaments à partir duquel des interactions médicamenteuses pouvant avoir un effet concret sur la santé peuvent se produire (1 mg hyperforine par jour).

 

Un meilleur encadrement, svp!

L’analyse de Testachats montre une nouvelle fois que le marché des compléments alimentaires n’est pas suffisamment régulé. “La législation actuelle ne permet pas d’informer ni de protéger correctement les consommateur.rice.s en cas de prise de compléments alimentaires” déplore Julie Frère, porte-parole de Testachats. “A l’image des médicaments, ceux-ci ne sont pas des bonbons, et nous demandons un encadrement plus strict en termes de preuve d’efficacité, de sécurité et de qualité, et des contrôles bien plus rigoureux de la part de nos autorités. En tout état de cause, nous recommandons aux consommateur.rice.s de ne consommer des compléments alimentaires qu’après avoir consulté leur médecin généraliste”.
 

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